Pour le culte, les habitants de Plainpalais continuent à se rendre en ville ou surtout à Carouge dont le temple a compté parmi ses souscripteurs bien des Plainpalistains. ceux-ci ne se consolent pas de ne pas avoir aussi leur temple.
Monsieur Aubert-Sarasin offre une somme de Frs.1’000.- comme souscription personnelle dans l’espoir d’avoir de nombreux imitateurs
En 1831 déjà, M. le pasteur Ramu avait adressé au Conseil municipal une demande pour l’érection d’un temple, mais ont lui avait répondu que la plupart des habitants étaient contents d’aller à Carouge. A son tour, en 1834, M..Aubert-Sarasin avait proposé au même Conseil la construction d’un temple au chemin des Terrassiers (av. Henri-Dunant). Il avait offert une somme de Frs.1’000.- comme souscription personnelle dans l’espoir d’avoir de nombreux imitateurs. Mais la commune n’était pas riche et la Mairie avait donné un préavis défavorable à cette suggestion, estimant la dépense trop forte.
Une pétition de 27 propriétaires demande la construction du temple est envoyée à l’Autorité municipale
Cependant, le 5 novembre 1842 (peu de semaines après que le Consistoire fondé en 1541 a siégé sous son ancienne forme pour la dernière fois, le 1er septembre 1842), parvient à l’autorité municipale une requête signée de 27.propriétaires de la commune demandant au nom d’un grand nombre d’habitants, la construction d’un temple pour Plainpalais. Sur cette requête, le Conseil municipal, dans sa séance du 14 novembre, arrête de nommer une Commission de trois membres (MM Goetz-Monin, Maeulle et Debrit) dont le mandat sera de s’entendre avec les pétitionnaires pour connaître les offres qu’ils feront et pour examiner les voies et moyens sur lesquels on pourra compter si la demande est favorablement accueillie. La commune déclare d’avance qu’en raison de l’exiguïté de ses ressources elle ne pourra supporter qu’une faible partie des charges que cette construction nécessitera.
Une souscription est lancée
La Commission décide de lancer un appel aux habitants de Plainpalais pour obtenir des souscriptions, et d’adresser une demande à la commune pour cession d’une partie de la place dite “ place Fontaine ”, à l’extrémité sud de la Plaine, pour la construction de l’église. Le concours du Conseil municipal est aussi sollicité pour qu’il veuille bien adresser soit au Conseil d’Etat soit à la Société Economique afin d’obtenir des allocations. Le Conseil municipal approuve le préavis de sa Commission, le 17 avril 1843.
La partie de la population de Plainpalais qui forme la base de la commune, partie indigène et non flottante, est très désireuse de voir ce projet se réaliser.
Le 20 juillet, le président du Consistoire donne lecture d’une lettre adressée à ce Corps, à laquelle est jointe une circulaire imprimée énonçant les motifs à l’appui de cette construction avec la signature d’onze notables composant le Comité chargé de recevoir les souscriptions. Les signataires MM. Goetz, Maire, président, Ramu, pasteur, Debrit, membre du Consistoire et du Conseil municipal, Maeulle, membre du Conseil municipal, Serment, membre de la Direction de l’Hôpital, Waléner, Lossier, Munier, Gignoux, propriétaires, Lenoir fils, secrétaire et trésorier. M. Ramu ajoute que si le temple se construit, il y fera le service comme tout pasteur de la campagne le fait dans le temple de sa paroisse. La partie de la population de Plainpalais qui forme la base de la commune, partie indigène et non flottante, est très désireuse de voir ce projet se réaliser. Le Conseil municipal l’a fort bien accueilli et le Conseil d’Etat semble favorablement disposé.; mais, avant de faire des démarches officielles, il faut que la somme produite par la souscription prouve l’importance que le troupeau attache à cette construction, et réduise autant que possible ce que la Société Economique et au besoin l’Etat auront à donner comme complément. (Reg. Consistoire).
La souscription pour le temple est très abondante et atteinte déjà Frs.14 à 15’000.-
Le Pasteur de Plainpalais a le plaisir de rapporter à la Compagnie, le 3 août, que la souscription pour le temple est très abondante et atteinte déjà Frs 14 à 15’000.- Le zèle déployé en cette circonstance est très remarquable. Des jardiniers ont donné jusqu’à Frs 100.- Et ces dons abondants ne rétrécissent point la charité pour les autres besoins. M. Ramu a reçu aussi des offrandes (Reg. Compagnie).
La Société Economique reçoit, en septembre 1843, une demande de subvention pour l’érection du temple, adressée par
M..Goetz-Monin, maire de Plainpalais.
Dans sa séance du 7 octobre, elle statue
Art 1 La Société ne met pas en ce qui la concerne d’obstacle à ce que l’église projetée soit placée sur le terrain qui est l’extrémité sud de la Plaine. La Société est disposée à accorder pour l’église de Plainpalais comme celle des Eaux-Vives une subvention de Frs 5’000.-, mais elle ne prendra à cet égard un arrêté formel et définitif que
De plus, le 21 août 1844, le Consistoire demandera que la Société Economique construise une cure, en préférant une construction spéciale à l’acquisition de maisons déjà bâties. Celle-ci décidera de consacrer une somme de Frs 30’000.- A la création de cures dans les paroisses de Plainpalais, Eaux-Vives et Avully dans le cas ou le Conseil d’Etat consentirait à se charger du reste de la dépense. Les indemnités de logements pour les pasteurs de ces paroisses cesseraient, mais l’entretien des dites cures resterait à la Charge de la Société Economique . Cependant ce projet de construction de cure n’a pas plus de succès que les précédents projets d’achat et le pasteur de Plainpalais continue à recevoir une indemnité de logement (Frs 750.- dès 1845).
Le 2 novembre 1843, M. Ramu qui se dépense sans compter pour arriver à avoir son temple a la joie d’annoncer que Frs 22’000.- sont déjà souscrits.
De 6 à 7’00 souscripteurs plainpalistains ont donné Frs 17’000.-. Quelques-uns d’entre eux sont même voisins de l’indigence ; 168 souscripteurs sont étrangers à la commune.
D’aucuns, il est vrai, attaquent le projet, estimant l’utilité du temple très discutable, les gens allant à Carouge ou en ville : le temple de Carouge n’est-il pas en quelque sorte celui de Plainpalais ? Au nombre des objectant : un vieux juge, membre du Grand Conseil. Au moment où ont lui présente le registre des souscriptions, il dit aux collecteurs :
« Ecrivez, Messieurs,
Je donne Frs 50.- à condition que l’église ne se fasse pas ; et lorsque j’aurai la certitude qu’on aura renoncé à ce funeste projet, j’enverrai immédiatement cette somme à l’Eglise protestante de Carouge »
Un article du “ Fédéral ”, rédigé en faveur du temple projeté (8 août 1843), contient entre autres ces considérations : “ la place de la Fontaine se trouve en dehors des piquets qui circonscrivent la Plaine et qui sépare la propriété du canton de celle de la commune ; sa cession au vœu général, sans porter atteinte à aucun droit public et même sans nuire sérieusement à l’intérêt particulier… La paroisse de Plainpalais est la plus nombreuse de toutes les paroisses rurales… Les protestants forment la partie la plus fixe de la population, celle qui se compose en immense majorité de nationaux, propriétaires, fermiers etc., et qui constitue effectivement la commune. En même temps qu’elle s’accroisse, cette population s’agglomère vers le centre de Plainpalais ; les groupes d’habitations qui se trouvent aux extrémités de la commune et qui sont, les plus rapprochés de la ville ne comptent proportionnellement qu’un petit nombre d’habitants: la Coulouvrenière 73 protestants, Champel 166. En outre, par l’effet de diverses circonstances, la proportion des vieillards est extrêmement considérable à Plainpalais : on en peut juger par le chiffre des décès qui a été, en 1842, de 75 individus, tandis que celui des naissances s’est élevé qu’à 52. On sent que des personnes avancées en âge, infirmes et la plupart peu fortunées, sont bien fondées à réclamer un temple voisin de leurs demeures… ”
En réponse à cet article, le vieillard dont nous avons parlé plus haut adresse, le 10 août 1843, une lettre à plusieurs habitants influents de la commune sur le coup presque mortel que le temple de Plainpalais portera à celui de Carouge, et sur le scandale que provoquera cet émiettement de l’Eglise.
D’autres réflexions adressées au “ Fédéral ” n’ayant pas été acceptées par la rédaction sont reproduites par le “ Journal de Genève ”. Sous le titre: “ De l’érection d’une église protestante à Plainpalais ”, nous lisons: “ Lorsqu’on s’occupe d’un projet tel que celui de l’érection d’un temple, ce n’est pas un nombre vague d’habitants d’une commune, ce ne sont pas surtout des personnes en passage et des locataires pour quelques mois que l’on doive consulter, mais bien les communiers… Or, dans la commune de Plainpalais… Une minorité s’érige -t- elle une même en comité … L’affaire se traite sous la cheminée, et voilà que tout à coup … La question se trouve tranchée à la volonté d’une petite coterie d’intéresser. La place dont on veut disposer appartient à la Société Economique.. Si l’on s’en empare comme d’un bien communal, on ouvre pour tôt ou tard la porte à un procès. Plainpalais, on le sait, n’a en propriété que ses chemins communaux. Le lieu dit “ La Fontaine ” est-il un chemin? Non. Le “ Fédéral ”, lui-même, lui donne le nom de Place… Il est à remarquer… Que l’habitant du point le plus reculé de la commune ne met pas plus de 20 minutes pour se rendre dans une église. Le même journal se prévaut de l’accroissement du nombre d’habitants. Il omet de soustraire des 2124 individus appartenant au culte réformé un grand nombre de dissidents de toutes espèces compris dans ce chiffre, et qui ont un lieu particulier de prédication… Mais l’objection la plus puissante…. C’est le tort immense que le temple de Plainpalais causerait à celui de Carouge. Songe-t-on aux charges et au frais qu’un pareil établissement ajouterait à ceux déjà si considérables qui pèsent sur une commune à laquelle ses moyens ne permettent pas même la construction d’une mairie?.. Songe-t-on que cette commune n’a point d’autres revenus que celui des patentes d’auberges ? … Et puis, il faudra y joindre une cure… Au surplus, ce qui est dit du besoin de resserrer dans Plainpalais au moyen de cette érection les liens de la fraternité chrétienne et d’y développer de pieux sentiments… Est une sorte d’insulte à la commune… ”
Les protestants de Carouge à leur tour joignent leurs doléances dans une lettre insérée dans le “ Journal de Genève ” du 15 septembre 1843.
D’autre part, remarque-t-on, les catholiques ont une chapelle privée à Plainpalais; les protestants doivent prendre position: un temple sera leur point de ralliement. Si précédemment le Conseil municipal de Plainpalais a repoussé ce projet, ce fût à la majorité d’une voix et par suite d’une méprise, un membre ayant voté par erreur dans le sens opposé à son opinion, ce que l’on voulut et put pas réparer le lendemain de la séance en s’adressant au Maire.
Quoi qu’il en soit, le 3 novembre , le Conseil d’Etat sollicite du Consistoire son avis sur la convenance de l’érection d’un temple à Plainpalais. La Compagnie consultée lui transmet un préavis favorable.
Sur la demande du Conseil d’Etat, le Conseil municipal accepte, le 5 décembre 1843, la responsabilité de l’entreprise en sa qualité de représentant de la commune ; il se charge de soumettre au Conseil d’Etat les plans et devis et de s’entendre avec la Société Economique pour l’entretien du temple après son achèvement. Il nomme une Commission composée de MM. Goetz-Monin, Maeulle Michel, Prévost Martin, Soret Frédéric, Debrit Jean Isaac, Claparède David, et Dufour-Pilloud, et la charge d’examiner l’emplacement proposé ainsi que les plans et devis de construction, le Conseil municipal se réservant de décider toutes les questions d’exécution.
Ensuite d’objection soulevée par les plans proposés, de nouveaux plans sont soumis au Département de l’Intérieur et des Travaux publics, plans qui sont acceptés le 25 mai. Mais, le 28 juin 1844, le Conseil d’Etat fait savoir au Conseil municipal qu’il ne peut, pour des motifs tirés de l’esthétique du paysage, demander au Grand Conseil une allocation pour une construction qui ne lui paraît pas réunir les conditions désirables de position.
Au même moment M. Ramu ajoute à ses charges déjà si multiples, celles de Modérateur et président du Consistoire, de juillet 1844 à fin juin 1845 ; toutefois, le 12 juillet, la Compagnie ajourne toute demande relative à l’érection d’un second pasteur pour Plainpalais jusqu’au moment où le temple sera construit.
En revanche, le 21 octobre 1844, le Conseil d’Etat se montre disposé à porter au budget cantonal une somme de Frs 25’000.- payable par quarts à partir de 1845, si la commune choisit un autre emplacement que celui de la place de la Fontaine pour l’érection du temple. Force est à l’Administration municipale de chercher un autre terrain. Elle fait alors l’acquisition de la propriété Bergier, “ au bout du mail No 152 ”. Le 4 avril 1845, par acte Vignier, notaire, la commune moyennant la somme de Frs 28’5000.- devient propriétaire de ce fonds qui comprend deux bâtiments et qui est le terrain sur une partie duquel s’élève aujourd’hui notre temple, l’un des bâtiments et l’autre moitié du fonds devant être rétrocédés peu après, le 8 avril 1845, par élection de command au Comité de l’Ecole des petits-enfants.
Création de la Fondation de la Société des protestants Disséminés
Peu de jours après sa fondation à Genève la Société des Protestants Disséminés, M. Ramu expose à la Compagnie, le 4 avril 1845, que le Comité chargé de la construction d’un temple à Plainpalais ayant besoin de fonds pour achever de couvrir cette dépense, il vient demander à la Compagnie:
1) de l’autoriser à placer sur le fonds où sera bâti le temple tout ou partie du capital composant sa Caisse de paroisse qui s’élève à Frs 111’600.-
2) de vouloir bien placer elle-même Frs 5 à 6’000.- Sur le même fond;
3) enfin, il prévient la Compagnie que le fond capital de l’Ecole de jeunes filles qui est entre ses mains en sera retiré et placé de même.
La Compagnie accepte de prêter les Frs 6’000.- (Reg. Compagnie)
Le 14 mai 1845, un concours est ouvert pour les plans et devis du nouveau temple. Six projets sont présentés et deux retenus pour être soumis au Département de l’Intérieur et des Travaux publics. Ce sont les plans portants le No 5 qui sont adoptés avec quelques modifications de détail. Leur auteur est l’architecte Guillebaud.
Mme Cayla-de la Rive consent à céder à la commune, à titre gratuit et moyennant certaines conditions, environs huit toises de terrain pour former une terrasse derrière le temple (I juillet 1845). Lors de la soumission des plans à la Société Economique (29 octobre 1845), le rapporteur remarque que les chapiteaux et les bases du beffroi devraient être ne grès de Veyrier plutôt qu’en molasse à l’extérieur, et qu’il y a rien de prévoir pour le beffroi et pour les cloches. Il serait à désirer, ajoute-t-il, qu’il fût établi autour du temple des pavés et aqueducs et une clôture.
L’autorisation de commencer les travaux est reculée jusqu’au 24 février 1846. Dès les 4 h du matin, raconte encore le colonel Couteau, le bruit des pétarades et des détonations de boîtes éveille les habitants ; la Plaine est bientôt garnie de curieux encore à moitié endormis. La journée est calme, mais vers 5 h. du soir, et au bruit de l’artillerie, le Maire Goetz-Monin entouré des membres du Conseil municipal, et le pasteur avec plusieurs de ses amis qui l’accompagnent, se transportent de concert avec le citoyen Campiche, entrepreneur de travaux, sur le lieu où l’on doit bâtir. Ils font sceller dans l’intérieur de la pierre angulaire une boîte de plomb contenant des monnaies anciennes et des monnaies nouvellement frappées, ainsi que l’historique des faits qui ont conduit à la construction d’un temple dans cette commune et une liste générale où figurent les noms des personnes et des Etablissements qui ont souscrit pour cette érection. Le discours de M. le pasteur Ramu fait sur les auditeurs une impression que l’on voit être vivement partagé par plusieurs catholiques présents. M. Goetz-Monin parle également.
Les devis du temple s’élèvent à Frs 70’278.- Sur cette somme, le gouvernement verse les Frs 25’000.- Promis; 1023 particuliers dont 250 seulement étrangers à la commune, fournissent Frs 33’000.- Par des souscriptions volontaires, la Société Economique donne Frs 7’700.-, le comité Boissier Frs 1’600.- et la commune fait le reste soit Frs 14’000.-
Malheureusement, le 21 avril 1847, il manque encore Frs 14’300.- Sans parler de l’horloge, des cloches et des orgues. La Société Economique veut bien encore allouer Frs 2’500.- En vue de l’achat d’une cloche. Fondue dans les ateliers Treboux, à Vevey, pesant 2000 livres, elle est placée dans le clocher le 24 juillet 1847, une allocation de Frs 200.- pour le matériel nécessaire aux communions, ce matériel ayant été fourni en partie par des dons particuliers. Ensuite de l’abandon des salles de l’Ecole de couture,, les deux régents de Plainpalais avaient pu être logés dans l’école (27 mai 1746). Mais, par lettre du 25 janvier 1847 adressée au président de la Société Economique, la Commission des Ecoles primaires donne à connaître:
… 3) que les cordes fermant les rideaux dans l’école de Plainpalais sont usées;
4) enfin que le logement du régent de cette même école présente deux graves incommodités. Dans la chambre du premier étage, il fume ou il fait froid. Dans la cave, la mauvaise odeur est telle qu’il est assez difficile de faire usage de cette dépendance. Il suffira quant à cette infection de faire disparaître la chèvre et les poules que M. Bally entretient pendant tout l’hiver dans sa cave.
Le Consistoire arrête (19 août 1847) que les deux places de Carouge et de Plainpalais sont mises quant aux prédications sur le même pied que les autres places de campagne, arrêtées qui recevront son exécution dès le 25 du présent mois.
Cependant le jour de l’inauguration approche. Plusieurs paroissiens témoignent le désir que le jour où l’église sera remise au Conseil municipal il y ait un service de préparation. Ce serait comme une réunion de famille qu’ils trouveraient convenable, le temple devant être remplie le jour de l’inauguration d’une foule nombreuse en très grande partie étrangère à la paroisse. M. Ramu voudrait aussi pouvoir faire, le jeudi 2 septembre, la réception des catéchumènes qui ne peut convenablement trouver place le dimanche 29 août, jour de l’inauguration. Il désirait en outre célébrer, le dimanche 5 septembre, deux services de communion dont l’un à 6h ou 7h et cela afin que tous ceux des paroissiens qui y tiennent puissent communier le jour de la Grande communion. Il demande en outre la nomination d’un marguillier. M. Davin est nommé sonneur de l’église de Plainpalais avec un traitement de Frs 35.- par an.
C’est le 29 août 1847, à 10h du matin, qu’a lieu l’inauguration de temple de Plainpalais au milieu d’un concours nombreux d’habitants de la commune. Une délégation du Conseil d’Etat une du Consistoire (MM. Cramer, Prévost, Soret), une de la Compagnie (MM. Liotard et Henry), et une de la Société Economique assistent à la cérémonie ; des discours sont prononcés par les chefs de ces délégations (M. Pons, conseiller d’Etat) et par le Maire Goetz-Monin. M. Ramu est chargé de la prière et du sermon d’inauguration qu’il fait sur la prière de Salomon. Un chant entonné par les enfants de l’école auxquels se sont joints quelques volontaires charme l’auditoire : enfui, pour donner à la fête un certain relief qui n’est pas ordinaire en pareille circonstance, les jeunes gens de la commune annoncent l’inauguration de l’édifice religieux par des salves d’artillerie. La cloche est mise en branle dès le matin et tout ce vacarme attire une foule considérable. Le service de l’après-midi du jour de la dédicace est présidé par le pasteur Henry de Carouge.
Le temple, contenant 650 places, est composé d’une nef avec galerie sur chacun des parois latérales. La chaire, placée derrière la table de communion, occupe le chœur (emplacement de la table de communion en 1933). Quelques objets sont fournis par l’entremise du pasteur Ramu au zèle et à l’activité duquel Plainpalais doit en grande partie son temple. MM Doret et Dizerens font don de leurs ateliers de marbrerie ; M. Rainu Dufour offre deux belles coupes d’argent pour la Sainte Cène ; les deux autres appartenaient déjà à la paroisse. Ayant été achetées en 1837 avec le produit des souscriptions, et servaient à la célébration de la cène dans le temple de Carouge d’où elles sont retirées à ce moment-là. Deux grandes channes d’étain portent également la date de 1847. Un plat en cuivre argenté sera ajouté en 1862. Quelques protestants carougeois donnent les livres religieux qui sont déposés sur la chaire et servent au culte.
Le premier baptême est célébré par M. Ramu le 30 août 1847. Il s’agit de l’enfant Jeannette Dévena, née le 10 août de parents catholiques. M. Ramu bénit le mariage de M. Jean Benzing et Mlle Jeanne-Elizabeth Kneck le 4 septembre. C’est la première bénédiction nuptiale donnée dans le temple de Plainpalais.
Le pasteur de Plainpalais propose comme Anciens, le 14 octobre 1847, MM Debrit Jean Isaac, conseiller municipal, Gignoux Jean-Jacques, ancien fabricant de bijouterie, Golay Jean-Elisée, Rilliet-Pelletier Jean-Jacques, Graissier Pierre Jacques, Jaubert Georges, Guéry Antoine, tous gens zélés pour l’Eglise, assidus au culte et très recommandables. Vu l’étendue de sa paroisse, le nombre et la nature de ses paroissiens, M. Ramu juge nécessaire une extension du nombre habituel des Anciens. Tous les sept sont donc introduits par leur pasteur au Consistoire, le 28 octobre. Ayant pris les engagements demandés aux Anciens, ils sont reçus comme tels, après une prière. Le dimanche suivant, prenant place au banc qui leur est réserve, M. Ramu annonce du haut de la chaire, au début du culte, leur nomination par le Consistoire. A la fin du culte il les installe dans leur charge, leur remettant le diplôme d’Anciens.
Mais le temple n’est pas chauffé, aussi M. Ramu demande-t-il, le 17 décembre 1847, à être autorisé à retirer de la Bourse des pauvres de sa paroisse une somme de Frs 1’200.- à Frs 1’300.-. pour l’établissement d’un calorifère, somme qui sera remboursée peu après.
Messieurs les représentants des autorités civiles et religieuses,
Messieurs les délégués,
Paroissiens de Plainpalais,
anciens et actuels,
Comme une famille se groupe joyeusement autour d’un vénérable aïeul, nous nous sommes réunis pour fêter le centenaire de notre temple auquel, pour la plupart, nous rattachent tant de liens durables et précieux. Un culte commémoratif a été célébré le 29 août, jour même de l’anniversaire, mais l’époque n’était pas favorable à d’autres manifestations. Celles-ci ont été remises jusqu’à aujourd’hui. Le Conseil de paroisse est heureux de vous saluer et vous remercie très chaleureusement d’avoir bien voulu vous associer à cette journée paroissiale dont il souhaite que vous remportiez tous un souvenir bienfaisant.
En préparant cette manifestation, nous nous sommes préoccupés de savoir S’il serait possible de mettre à jour la boîte de plomb scellée lors de la pose de la première pierre, le 18 avril 1846. Cela n’est pas le cas et nous devons laisser dormir dans leur cachette inviolable les documents qu’elle renferme jusqu’au jour où – qui sait ? – ce lieu de culte ne suffisant plus aux besoins de la paroisse, sera remplacé par un autre.
Mais en faisant des recherches dans les archives de la Commune, M. le pasteur Chenevière a retrouvé du moins le reste du message de nos devanciers : veuillez en écouter la lecture dans un sentiment de pieux souvenirs et de reconnaissance à l’égard de ce hommes qui, au travers de bien des difficultés, et même certaines oppositions, ont besogné vaillamment pour mener à chef l’œuvre dont nous bénéficions :
Message de 1847
Au nom du Père, du fils et du Saint – Esprit ! Ce temple a été construit à la gloire de DIEU et pour l’avancement de son règne. Que dans ce saint édifice les habitants de la commune et paroisse de Plainpalais apprennent d’âge en âge et de génération en génération à s’aimer les unes les autres d’un véritable amour fraternel et à vivre dans la paix et dans la communion de Jésus.
Que les prières qui, de ce lieu consacré à 1 Eternel s’élèvent jusqu’au trône de la grâce fassent continuellement descendre sur cette commune ainsi que sur notre patrie toute entière toutes sortes de bénédictions temporelles et spirituelles.
Que l’Evangile de notre Seigneur Jésus Christ prêché dans ce temple dans sa simplicité et sa pureté primitives, telle que le professe l’Eglise protestante nationale de Genève soit pour toutes les âmes qui viendront l’entendre lumière, sagesse, consolation et salut.
A notre tour, protestants de Plainpalais de 1947, nous avons voulu laisser pour ceux nous suivront et qui, nous le souhaitons célébreront avec ferveur et avec joie le 2ème centenaire de ce temple, une marque apparente de notre gratitude pour tout ce qu’il a été dans le passé et pour la place qu’il continue à tenir au centre de notre paroisse.
Nous avons donc apposé une plaque commémorative que nous avons maintenant le plaisir d’inaugurer et de dédier à tous les fidèles qui se succéderont, génération après génération dans ce sanctuaire. A la suite des dates qui fixent ce premier siècle d’existence, elle porte ces mots “ les paroissiens reconnaissants ” et la référence 2 Pierre 3.8… “ devant le Seigneur un jour est comme mille ans et milles ans comme un jour”, texte de la prédication du 29 août.
Mais nous voulons faire aussi de ce marbre l’affirmation de notre foi dans l’avenir de notre temple, de notre paroisse et de notre Eglise et, par delà ces signes visibles d’instruments humains au service du Maître, de notre foi dans le triomphe de son œuvre éternelle de salut et d’amour. Tout cela est exprimé dans le message rédigé par nos pasteurs en ces termes :
Message de 1947 (…………………)
Il a été placé avec différents documents contemporains dans une cavité ménagée derrière la plaque et que les paroissiens d’alors pourront atteindre aisément le moment venu.
Puissent – ils, quand ils en prendront connaissance trouver une force dans ce lien avec le passé et un encouragement à demeurer fidèles à la foi de leurs pères, en faisant briller toujours plus haut la flamme vive et joyeuse de la vie chrétienne.
J’exprime notre très vive reconnaissance à notre chœur paroissial et à sa directrice, Madame Reguin Duperrex, qui sont toujours vaillamment sur la brèche dans toutes nos manifestations, et je tiens à remercier de façon toute particulière les musiciens de l’orchestre qui ont prêté leur concours bénévoles pour l’exécution de la belle cantate que nous venons d’entendre.
Indiquer le chant du cantique No 279, les 4 strophes, pendant lequel sera recueillie l’offrande pour les besoins de la paroisse.
DUPAN Abraham 13 septembre 1617
LECLERC David 1646 1654
SARASIN Jacques ou Jacob 1672 1680
DUPAN Daniel 9 janvier 1680 1701
GALLATIN Jean-Pierre 24 juin 1701 19 mars 1706
CALANDRINI Jean-Louis 19 mars 1706 6 janvier 1708
PINAULT Pierre 19 mars 1706 6 janvier 1708
Poursuit son ministère du 6 janvier 1708 au 19 mars 1717
VAUTIER Gamaliel 19 mars 1717 Janvier 1747
FLOURNOIS Théophile 28 décembre 1744 10 mars 1747
CARDOINI Augustin 10 Mars 1747 10 Juillet 1753
GALLATIN Jean 7 septembre 1753 30 décembre 1757
LAGET Guillaume 30 décembre 1757 14 avril 1758
TREMBLEY Jean 14 avril 1758 29 septembre 1758
BOUTHILLIER DE BEAUMONT
Jacques André 29 septembre 1758 24 septembre 1762
PREVOST Abraham 24 septembre 1762 18 mars 1763
MERCIER François 18 mars 2 novembre 1792
CLAPAREDE David 6 juin 1788 Septembre 1788
DUNANT Ami Amédée Alexandre 6 juin 1788 Septembre 1788
LECOINTE Jean 2 septembre 1791 Décembre 1791
PESCHIER
fils de Jacques François -Louis 23 novembre 1792 29 mars 1793
VAUTIER Michel 29 mars 1793 1er juillet 1794
ROBIN Abraham – Gédéon 1er juillet 1793 Juillet 1794
Jacques François -Louis Juillet 1794
Provis. seulement pour Plainpalais 28 novembre 1794
ROUSTAN Antoine 28 novembre 1794 26 décembre 1794
Seulement pour Plainpalais
DEMELLAYER Antoine Provis. 26 décembre 1794 18 février 1797
Officiellement 18 février 1797 1er août 1800
PAULET Par essai 8 septembre 1797 ?
HUMBERT Jean-marc Elie 21 novembre 1800 10 décembre 1802
BOURRIT l’aîné Pierre Marc Isaac 31 décembre 1802 22 mars 1802
CHENEVIERE Jean-Jacques Caton 29 septembre 1809 Mars 1810 Par intérim
PUERARI François Marc Antoine 29 mars 1814 novembre 1817
LIOTARD François Marc Antoine Novembre 1814 21 novembre 1817
Pasteur de la paroisse suburbicaire de Plainpalais
LIOTARD François Marc Antoine 21 Novembre 1817 28 décembre 1821
par intérim jusqu’en avril 1822
Pasteur de Plainpalais, second pasteur de Carouge
RAMU François Alexandre 26 avril 1822 17 mai 1833
HISCHGARTNER Albert 5 août 1860 Juin 1905
GOETZ Isaac 25 mai 1861 30 décembre 1897
CHOISY James Eugène 7 juillet 1890 3 avril 1898
suffr. 3 avril 1989 13 juin 1910
ROCHAT Ernest 17 août 1898 ?
VALETTE Louis 15 octobre 1905 30 septembre 1930
CHENEVIERE Charles 1er décembre 1907 18 avril 1909
suffr 18 avril 1909 ?
NAVILLE Auguste 18 avril 1909 30 septembre 1914
POULIN William 11 septembre 1910
DUCKERT Armand Gustave Joseph 17 janvier 1915 23 mars 1919
LEMAÎTRE Auguste 12 mai 1919 30 juin 1932
PAYOT Armand 23 septembre 1928 1941
D’ESPINE Henri 6 avril 1930 1944
COURVOISIER Maxime 13 juillet 1930 31 décembre 1960
MULLER Charles Henri 8 novembre 1931 1937
WYLER Roger 24 avril 1932 1943
FIAUX René 1936 1954
VUILLEUMIER Henri 1937 1942
DUGERDIL Charlotte assist. paroisse 1937 1971
BERTHOURD Théodore 1941 Dès 1944 à 1956 à la Jonction
CAMPICHE Roger 1942 Dès 1956 à la Roseraie
REDALIE Raymond 1947 1964
BONNARD Liliane assist. paroisse 1949 1966
GRUNER Georges 1950 à la Jonction 1962
DORET Marc 1953 Dès 1956 à la Roseraie
HUBER René 1954 1961
1961 à 1965 aux Acacias
PERRET Edmond 1956 à la Jonction 1967
De PEYER Etienne 1957 1966
De HALLER Albert Janvier 1961 Juillet 1975
SCHMIED Bernard 1962 1971
FILLET Jean 1971 Décembre 1974
CHAPPUIS Pierre-Alain 1975 1981
BASSET Jean-Claude 1981 Juin 1983
RILLET Frédéric 1983 Mai 1987
LEONARDI Mario diacre 1969 1985
HANISS PIERREHUMBERT Irénée 1985 1995
KILOLA Gayambo 1987 1988
TINEMBART Gilbert 1989 1999
DESHUSSES Georges diacre 1978 1984 à la Jonction
1995 2007
LOTZ Anke 1997 2005
LEU Philippe 1988 en stage 1989
1999 2005
VERAGUTH Kurt 1999 2002
ADA Samuel 09 2002 2003
LAVANCHY Martine 09 2003 04 2005
JAKUBEC Marie-Laure 09 2007 09.2014
KARAKASH Ion 09 2010
FELIX Bernard
Dessin et exécution de Clément Heaton
Extraits du livre « Plainpalais,histoire d’ une paroisse »
Ch. Chenevière 1933 Genève
La paroisse reçoit un don de 5’000.- Frs. de M. et Mme James Odier à l’occasion de leurs noces d’or, don permettant au Conseil, d’accord avec les donateurs, de remplacer les vitres blanches et les rideaux verts de l’aile du temple par de belles verrières dues au maître décorateur Heaton, rappelant les béatitudes et les symboles chrétiens.
Lors des pourparlers, M. Heaton propose de mettre les citations bibliques non sur le mur, mais au travers de la fenêtre, de manière bien étudiée, ce qui assurera le rythme ou effet esthétique.
“En effet”, déclare-t-il, “vu la grande hauteur des fenêtres, ce qui importe en premier lieu c’est de produire un rythme. Si l’on adoptait le système de prendre huit objets divers, il serait très difficile d’y arriver par le fait que les diverses formes produiraient un sentiment de grande diversité.
De plus, la force des symboles réside dans le sens poétique, un rapport senti entre une chose et une idée.
Le peuple, aujourd’hui, a complètement perdu cette habitude, en sorte qu’il peut voir beaucoup de choses sans comprendre pourquoi elles y sont.
Avec des banderoles, le sens sera clair pour quiconque voudra lire. Au point de vue historique, elles cadrent parfaitement avec le XVe siècle, date de l’architecture admise pour le temple, car on se servait de ces banderoles en toute occasion.
Elles conviennent au vitrail, laissant passer beaucoup de lumière, et permettent alors des murs larges, sans brisure, ce qui assure un effet grand et simple”.
Les cinq vitraux de l’aile, conçus selon ces principes, seront inaugurés 19 janvier 1908.
Pour parfaire la décoration du temple, le Conseil de paroisse ayant reçu un don de 1’000.- Frs. de M. Ed. Des Gouttes sollicitera, en mars 1908, des dons des fidèles pour placer dans l’ancienne partie du temple trois verrières en souvenirs des trois premiers pasteurs de la paroisse:
A gauche : le vitrail consacré à M. Ramu avec la croix de la foi et les ramures d’un chêne
Au centre : le vitrail érigé en souvenirs de M. Goetz avec l’ancre de l’espérance et des branches d’olivier
A droite : le vitrail rappelant le nom de M. Hirschgartner avec la colombe de la charité et le figuier
Sur les trois banderoles traversant ces verrières, des fragments du passage de la première lettre aux Corinthiens chapitre 13 sur la charité. Ces vitraux seront inaugurés en janvier 1909.
Extraits du livre « Plainpalais, histoire d’une paroisse » Ch. Chenevière 1933
Un concert qui laisse du bénéfice…
L’orgue expressif qui avait été placé en 1851 n’avait pas empêché les paroissiens de Plainpalais de désirer posséder un orgue à tuyaux. Aussi, dès 1859, des dons avaient-ils commencé à être reçus en vue de la construction de nouvelles orgues. En juillet 1866, les sommes récoltées se montent à frs. 4’896.– . En décembre, un concert laisse frs. 335.–en caisse ; d’autres dons parviennent encore.
Une nouvelle galerie.
En vue du placement des orgues, la Mairie (de la commune de Plainpalais) fait établir une élégante galerie qui augmente aussi le nombre de places de l’église devenue trop petite les jours de solennité. C’est le 9 mars 1866 que le Conseil d’Eglise de la paroisse de Plainpalais avait signé avec M. J. Merklin, (directeur de la partie industrielle de la Société Anonyme pour la Fabrication des Grandes Orgues, 49 Bd. Montparnasse, à Paris) et M. J. Verreyt, administrateur délégué de la dite Société, le devis pour la construction des orgues du temple de Plainpalais.
Une pince à linge pour tenir le soufflet…
Ce devis s’élevait à la somme de frs 7’000.– Composé d’un clavier à mains de 56 notes six jeux et huit registres, et d’un clavier à pédales accrochées de 25 notes, cet orgue sera inauguré le 12 août 1867 puis restauré et considérablement amélioré en 1910. . Les comptes de l’orgue sont bouclés en juillet 1867 par frs. 6’562,39 de recettes contre frs. 6’562,75 de dépenses soit un déficit de frs. 0,36. Heureux temps !
Sur l’initiative de M. Bouët, le nouvel organiste du temple remplaçant Mlle Wittmer, titulaire du poste pendant 25 ans qui reçoit du Conseil une théière en témoignage de reconnaissance, l’orgue du temple est modernisé.
Augmenté et repoussé dans le clocher, il est élevé de 2,50 au-dessus du sol de la galerie ce qui la dégagera et permettra au Chœur paroissial de s’y rassembler. Un don de frs. 2’000.– de la famille Des Gouttes aidera le Conseil à supporter les frs. 6’000.– que coûtera l’exécution de ce projet confié à la maison Tschanun. Cette réfection des orgues, commencée le 16 mai et achevée le 7 août 1910, est solennisée par un concert en octobre où le Chœur paroissial chante » la Cantate pour tous les temps » de J. S. Bach.
Etat des soufflets